Le Cri est un tableau qui a déjà beaucoup fait parler de lui. L’analyse qui suit porte sur la version de 1910 et ne prétend pas renouveler les études déjà faites mais tout simplement porter à la connaissance de chacun les caractéristiques d’une œuvre majeure, étrange et fascinante.

 

version de 1893 : http://www.nasjonalmuseet.no/?module=Articles&action=Article.publicOpen&id=1275

Version de 1910, tempera :

 

L'auteur et son courant artistique :

Edvard Munch est un peintre norvégien (1863-1944). Son œuvre la plus célèbre est Le Cri (en norvégien Skrik). Il appartient au courant artistique expressionniste.


L'expressionnisme est un mouvement qui naît au début du XXe siècle, en Europe du Nord. Il représente la réalité de façon déformée et subjective pour susciter une réaction chez le public. Il sera ensuite condamné par le régime nazi.

Le Cri est une œuvre typique de ce courant, car il en fait apparaître les thèmes essentiels.

Il doit être observé à la lumière d'un extrait du journal intime de Munch lui-même :

« Je me promenais sur un sentier avec deux amis – le soleil se couchait – tout d'un coup le ciel devint rouge sang – je m'arrêtai, fatigué, et m'appuyai sur une clôture – il y avait du sang et des langues de feu au dessus du fjord bleu-noir de la ville – mes amis continuèrent et j'y restais, tremblant d'anxiété – je sentais un cri infini qui passait à travers l'univers »

Cité par le manuel de français 4e « Fleurs d'encre », Hachette, 2007.

L’œuvre :

Au premier plan, un homme se tient face à nous, les mains serrées contre son visage, il hurle. Que voit-il ? Est-ce nous ? Est-ce autre chose ?

On peut séparer la peinture en deux parties. La partie inférieure gauche montre des lignes droites, avec en arrière plan, sur la gauche, deux hommes. Cela pourrait être le monde réel, l'activité humaine, la civilisation

Alors que la partie supérieure droite dessine des lignes tordues plus conformes à un monde surnaturel, inquiétant, inhumain...

A l'arrière-plan, le ciel occupe la moitié haute de la toile, avec des couleurs chaudes (rouge, jaune, orange) qui évoquent le coucher ou le lever du soleil ; des formes ondulantes qui ne sont pas naturelles. Ces couleurs marquent un contraste fort avec celles de la mer (en bleu) et de la terre (en vert) mais offrent des formes sinueuses équivalentes, évoquant celles du personnage au premier plan.

 

Son visage se trouve au centre de la toile et doit attirer le regard du public. Il fait penser à une tête de mort,  des orbites vides, une absence de cheveux, une couleur verdâtre et maladive. Son attitude donne son titre au tableau ; elle exprime un sentiment fort : la panique, l'épouvante. On constate que la cause de cette terreur demeure hors-champ et dans notre direction. A l'arrière : deux hommes ; à gauche : le cadre ; à droite : la balustrade. Le personnage n'a donc aucune échappatoire. 











La forme même de ce personnage n'a rien de réaliste. Elle peut faire penser à un simple tremblement ou à une l'allure d'un être fantomatique.

Et s'oppose presque en tout à celles des hommes derrière (forme droite, chapeaux, mais pas de détails du visage visibles).

 

Le personnage principal s'appuie donc sur un support réel, rationnel, mais toutes ses expressions le mènent vers l'irrationnel et le fantastique.

 








Cette œuvre exerce sur le public une sombre fascination. On ignore la raison de l'horreur qui s'exprime ainsi. La question demeure en suspens de même que l'univers fantastique littéraire reste enfermé dans l'hésitation, le doute, l'indécidable.

Découvrez l'exposition en vidéo à Paris, en 1998.

 

 

En 2014, c'est le tableau le plus cher du monde, vendu à 120 millions de dollars (90 millions d'euros). Suivez ce lien  http://search.it.online.fr/covers/?p=169 pour voir des reprises amusantes. Elles prouvent que le tableau continue de plaire et d'intriguer.

Du 16 janvier au 14 février 2016, la Galerie Akiza propose l'exposition SCRREAMS ! (après Munch)

 

NOTES :

On peut rappeler, pour l'anecdote, que cette œuvre s'intitule en anglais The Scream. Certains considèrent que ce tableau a été une source d'inspiration pour le personnage masqué du film américain Scream de Wes Craven. 


 

 

 

 

 

 

N. THIMON