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23 juin 2017

Sophie-Jan Arrien, L’inquiétude de la pensée. L’herméneutique de la vie du jeune Heidegger (1919-1923), PUF, lu par Baptiste Klockenbring

Sophie-Jan Arrien, L’inquiétude de la pensée. L’herméneutique de la vie du jeune Heidegger (1919-1923), Paris, 2014, PUF « Epiméthée », 400 p.

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Ce qu’il est convenu d’appeler « la philosophie herméneutique de la vie facticielle » ou encore parfois « l’herméneutique de la facticité » - et qui, depuis le colloque de 1996 organisé par J.-F. Courtine et J.-F. Marquet, fait l’objet d’un intérêt croissant des études heideggériennes - joue un rôle déterminant sur le chemin qui conduit Heidegger au motif central de sa philosophie, la question de l’Être.Pour autant, il ne faudrait pas faire de cette philosophie une simple propédeutique ; il s’agit au contraire d’un chemin original, qui, dans l’esprit du jeune Heidegger, ne vise rien de moins qu’à « faire exploser les catégories traditionnelles de la philosophie ». Et c’est cette étape que Sophie-Jan Arrien nous propose, dans ce volumineux ouvrage qui résulte de sa thèse, d’approfondir pour elle-même, résistant à la tentation de lire cette philosophie naissante à la lumière de ce qu’elle est amenée à devenir.

Le motif central de cette philosophie est ainsi la vie, conçue comme la sphère originelle de l’expérience concrète (« facticielle »). L’enjeu d’une telle philosophie est ainsi de retrouver l’intimité du philosopher avec la vie, qui constitue l’un des enjeux structurants de la pensée du jeune Heidegger, et ce dès sa thèse d’Habilitation (1915). Reste que la vie se manifeste avant tout par une certaine labilité, qui la rend précisément inaccessible aux catégories traditionnelles de la philosophie. Or la philosophie prend naissance dans la vie, et y retourne comme à son télos ; la tâche du philosopher consiste ainsi à identifier un logos constitutif de l’origine, c’est-à-dire inhérent à l’expérience facticielle de la vie, et ouvert sur la conceptualité philosophique ; en somme, penser conjointement la vie en ses structures propres et la condition de possibilité de tout philosopher. Pour ce faire, l’effort de Heidegger consistera à passer sans rupture de l’expérience vécue préthéorique du sens au discours philosophique, et rechercher « l’unité vivante de la vie et de la philosophie ».

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25 février 2016

Goethe, Les matériaux pour l'histoire de la théorie des couleurs, Editions des Presses Universitaires du Mirail, lu par Emilie Bathier

Chers lecteurs, chères lectrices, 

 

Les recensions paraissent et disparaissent très vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique, philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs, nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles recensions. 

Recensions d'esthétique 

Recensions de philosophie politique

Recensions de philosophie antique

Recensions de philosophie morale

Recensions d'épistémologie


Goethe, Les matériaux pour l'histoire de la théorie des couleurs, Editions des Presses Universitaires du Mirail lu par Emilie Bathier

Les Matériaux pour l’histoire de la théorie des couleurs constituent la troisième et dernière partie de la Théorie des couleurs de Goethe : texte célèbre, de ceux auxquels se réfèrent de nombreux travaux et auteurs, ne serait-ce que pour renvoyer au différend fameux opposant les thèses de Goethe et Newton. Aussi peut-on s’étonner qu’aucune traduction française de ce dernier volet de l’œuvre n’ait été donnée avant celle de Maurice Elie il y a maintenant 10 ans. En premier lieu, et avant même d’en aborder la lecture, il s’agit donc d’une publication bienvenue, venue combler une lacune regrettable.

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22 juin 2015

Stéphane Vial, L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, Puf, lu par Guillaume Lillet

Stéphane Vial, L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, Puf, 2013.

Préface de Pierre Lévy – Critique et visionnaire : le double regards des sciences humaines.

Pierre Lévy montre dans cette préface que l’Internet n’est ni un acteur, car il n’agit pas, ni une source d’informations, car il est dépendant de ceux qui le nourrissent, ni un modèle, car rien ne nous oblige à nous y conformer. L’œil critique a pour fonction de dissoudre les idoles, explique Lévy, quand l’œil visionnaire s’attache à montrer en quoi ce nouvel univers de communication augmente notre capacité de manipulation symbolique. L’ouvrage de S. Vial présente la révolution numérique comme produisant un système organisateur de nos perceptions, de nos pensées et de nos relations. Nous devons nous emparer de ce changement et y voir se dessiner, selon Pierre Lévy, « un saut de réflexivité de l’intelligence collective ». Par la création du médium algorithmique, nous devrions d’abord viser une « révélation dans les sujets ».

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19 janvier 2015

Guillaume Carron, La désillusion créatrice, Merleau-Ponty ou l’expérience du réel, éditions MétisPresses, 2014, lu par Agathe Arnold

Les contradictions de la doxa contemporaine à l’égard de la philosophie – celle-ci serait aussi bien nécessaire et irremplaçable que stérile, aussi bien omniprésente et capable de parler de tout que réservée à une élite et éloignée du monde – sont pour Guillaume Carron un signe que le lien entre philosophie et réel a perdu de sa consistance, et invitent ainsi à réinterroger ce lien. Là où il pourrait sembler que cette interrogation a toujours déjà été le sens-même de la philosophie et de toute l’histoire de l’ontologie, Guillaume Carron insiste sur l’historicité du terme « le réel », en soulignant la rareté et la caractère tardif de son occurrence dans le vocable philosophique et ce jusqu’au 20e siècle, où il prendra au contraire une place prépondérante. Il faut alors remonter à son apparition dans la pensée hégélienne pour comprendre pourquoi nous avons tendance à avoir une foi spontanée dans la rationalité du réel et à occulter la résistance du réel au concept. L’enjeu revendiqué de l’ouvrage est de montrer la place particulière que tient la pensée de Merleau-Ponty dans l’histoire de la philosophie, dans la mesure où elle se confronte explicitement à cette résistance du réel et au bouleversement méthodologique qu’elle exige. Consciente des impasses de toute « pensée objective », qu’elle soit réaliste ou idéaliste, la philosophie qui interroge le réel et en accepte dès lors l’énigme devra se déployer hors des concepts rationalistes traditionnels et se faire « philosophie concrète (…) qui s’applique, chaque instant, à garder le contact avec l’expérience du réel ». Aussi l’ouvrage de Guillaume Carron insiste-t-il sur les dimensions critique et éthique de la philosophie de Merleau-Ponty, en ce que celle-ci montre les failles du réalisme et de l’intellectualisme, au fond deux manifestations d’une même incapacité à s’étonner devant le réel, à s’interroger sur la possibilité de son évidence, et à remettre en question le critère de l’évidence comme fondement premier du réel et de la vérité. Mais il s’agit également pour l’auteur de souligner l’apport philosophique de Merleau-Ponty par sa convocation du corps, de l’imaginaire et de la structure pour appréhender de manière inédite l’expérience de réel. A la faveur de l’exploration de la notion de réel, on suit l’évolution de la pensée de Merleau-Ponty, confrontée à diverses influences et forgeant peu à peu un nouveau type de discours philosophique. Ainsi sa « philosophie concrète » abordera d’abord le réel comme ce qui résiste à toute tentative d’arraisonnement : ni donné brut ni stricte construction subjective, il est une dimension originelle de l’expérience, « plénitude insurpassable ». Puis l’exploration de la possibilité de l’illusion l’amènera à réenvisager le réel et à reconnaître son rapport chiasmatique avec l’imaginaire, et enfin à l’inscrire « dans la structure charnelle si particulière de la réversibilité ».

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05 juillet 2013

Jean Hyppolite, Entre structure et existence, sous la direction de Giuseppe Bianco Editions rue d’Ulm, 2013, lu par Didier Guimbail

Jean Hyppolite, Entre Structure et existence, sous la direction de Giuseppe Bianco, Editions rue d’Ulm. Collection Figures Normaliennes, 2013, 283 pages.

Cet ouvrage a pour but de « rendre sa visibilité au visage de J. Hyppolite, à celui qui fut un passeur, un professeur, un organisateur et un homme d’institution, un historien de la philosophie et un philosophe.[1] » La première partie est constituée par un ensemble de contributions qui cernent l’importance de J. Hyppolite et rendent hommage aux différentes facettes de son activité. On y relève la présence de certains de ses anciens élèves devenus des philosophes renommés. La deuxième partie rassemble des textes inédits, issus des archives Hyppolite de la bibliothèque de l’Ecole normale supérieure, auxquels a été ajoutée la retranscription d’un entretien dans le cadre d’une émission télévisée à but pédagogique. Le lecteur trouvera en fin de volume une bibliographie complète des travaux de J. Hyppolite.

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08 février 2013

Kostas Papaioannou, Hegel (avec un choix de textes traduits par l’auteur), Belles Lettres, 2012, lu par Pierre Arnoux

Kostas Papaioannou, Hegel (avec un choix de textes traduits par l’auteur), édition par François Bordes et Laurie Catteeuw, Les Belles Lettres, 2012.

Cet ouvrage se veut une introduction claire et pédagogique à l’ensemble de la pensée hégélienne, qui nous est présentée comme une pensée en mouvement, grâce notamment à l’accent mis sur les écrits de jeunesse et aux références à la vie de Hegel.

The purpose of this new edition of the book first published by Kostas Papaioannou in 1962 is to introduce Hegel’s thought in an accessible way. It compiles translations of major extracts from the philosopher’s essays. The introduction insists on Hegel’s early works, from which his later comprehensive philosophical system stemmed. It clearly underscores the various aspects of a philosophy that is constantly in motion

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