L'Astronome ou L'Astrologue  (1668) est un tableau du peintre hollandais Johannes VERMEER (1632-1675) exposé au Musée du Louvre à Paris. On y voit un homme manipuler un globe terrestre. La pièce dans laquelle il se trouve comporte de nombreux objets à caractère scientifique. Ce tableau montre l'intérêt que l'on porte à ce qui se passe dans le ciel.

 

 

Ce sont les observations de l'astronome américain Edwin HUBBLE (1889-1953) qui ont permis de déterminer qu'ils existaient plusieurs galaxies et de mesurer les distances qui les séparent. C'est pourquoi le célèbre télescope spatial porte son nom.

 

 

 

 

  • De curieux extra-terrestres

 

VOLTAIRE (de son vrai nom François Marie Arouet, 1694-1779), est connu par exemple pour ses Contes philosophiques, de courts récits qui posent des questions sérieuses sous forme de fables humoristiques. Dans l'un d'entre eux, Micromégas (1752), il raconte déjà un voyage intersidéral. Micromégas est banni de la planète Sirius pour avoir déplu aux savants dans ses théories sur les insectes. Il rencontre un habitant de Saturne, plus petit, avec qui il entre en amical débat. Les deux héros gigantesques passent à côté de Mars, et arrivent sur la Terre que l'un d'eux trouve imparfaite. Leurs conversations avec les Terriens servent à mettre en défaut nos théories et nos croyances orgueilleuses. Le recours à des géants extra-terrestres sert en fait à poser des questions philosophiques.

D'autres œuvres font venir les visiteurs de très loin. Rencontres du Troisième Type (1978) ou E.T. (1982) de Steven SPIELBERG (1946-) sont des exemples cinématographiques qui ont marqué leur époque en mettant en scène des êtres intelligents venus de l'espace lointain pour visiter la Terre. Ces extra-terrestres curieux se montrent plutôt sympathiques et ce sont plutôt les défauts des humains qui ressortent. Malgré tout, le réalisateur affiche une vision optimiste de la rencontre avec d'autres êtres vivants.

Ce n'est pas le cas dans le roman La planète des singes (1963). Pierre BOULLE (1912-1994) nous montre comment le journaliste et astronaute Ulysse Mérou débarque sur une planète du système de Bételgeuse. Sa ressemblance avec la Terre lui inspire d'appeler ce monde Soror (c'est-à-dire la « sœur »). Pourtant, ses deux compagnons et lui ne tardent pas à se rendre compte que là-bas, les hommes ne sont pas plus évolués que des animaux et que ce sont les singes "correctement habillé[s] comme un homme de chez nous" (chapitre 9) qui gouvernent la planète.

Consultez ici : Un extrait de La Planète des singes de Pierre BOULLE

L'adaptation cinématographique que réalise Franklin J. SCHAFFNER en 1968 reste l'une des plus marquantes et porte une vraie réflexion sur le devenir de l'humanité autant que sur le rejet de la différence ; le récit n'a cessé d'inspirer des cinéastes depuis des dizaines d'années et mérite un article complet à son sujet.

  • Le space opera

Le space opera connaîtra de beaux jours avec des œuvres innombrables. Les artistes se livrent avec délices à la multiplication des mondes habitables en conflit ou alliés les uns aux autres.

(en français Guy l'Eclair) voit le jour en 1934 aux États-Unis, sous le crayon d'Alex RAYMOND (1909-1956). L'histoire est celle de trois Terriens : Flash Gordon, Dale Arden et le professeur Hans Zarkov qui seront confrontés à l'Empereur Ming de la planète Mongo. Le tyran voudrait s'emparer de notre planète. Le comic a été adapté en série à la télévision en 1954 et au cinéma en 1980.

Flash Gordon

Par ailleurs, dans un des plus célèbres exemples de science-fiction, les Terriens colonisent un planète lointaine peuplée d'êtres à la peau bleue vivant en harmonie avec la nature. Les humains, avides  des richesses de cette planète, n'hésitent pas à massacrer les habitants. Parmi ces derniers se trouve un jeune homme qu'ils ont élevé parmi eux et qui mènera la lutte pour défendre leurs droits. Cette fable écologique bien connue est celle d'Aquablue (depuis 1988) une bande dessinée française créée par Olivier VATINE et Thierry CAILLETEAU avant d'être celle d'Avatar (2009) de James CAMERON. Ce dernier a porté à son sommet l'art de l'image de synthèse et le recours à la caméra 3D.

Il existe d'autres œuvres majeures comme le roman de Frank HERBERT (1920-1986), Dune (1965 aux États-Unis, 1970 en France) et ses suites. Il s'agit d'un vaste récit qui commence en 10191. Le jeune Paul Atréides, né malgré les interdictions, découvre peu à peu son don de prescience (sa capacité à voir l'avenir en rêve). Il doit faire face aux luttes de pouvoir entre l'Empereur Shaddam IV, le groupe religieux Bene Gesserit et les rivalités avec la famille Harkonnen. Parallèlement, une bataille s'engage sur la planète Dune pour y contrôler l’Épice, une substance rare et précieuse, permettant, entre autres, le voyage dans l'espace. Une fois sur place, le héros fait connaissance avec le peuple secret des Fremen qui ont appris à vivre en accord avec la nature aride de la planète Arrakis (le vrai nom de Dune). L'occasion se présentera bientôt de faire connaissance avec les vers des sables, créatures gigantesques qui rampent sous le sol...

Le roman est porté à l'écran par David LYNCH (né en 1946) dans Dune (1985). Le réalisateur (qui y donne un rôle au chanteur britannique STING) insiste sur la dimension onirique(1) de l'histoire. Il donne à voir des costumes, des machines et des décors variés associés aux multiples mondes de son univers.

La saga Star Wars

D'une autre façon, Star Wars (à partir de 1977), créé par George LUCAS (1944-), s'est imposé comme le film de référence du genre, rendant presque naturels l'emploi d'un sabre laser et les voyages supraluminiques (plus rapides que la lumière). Le réalisateur avoue s'être inspiré de la série télévisuelle Flash Gordon pour le générique animé au début de chacun de ses films. Mais son histoire emprunte aussi aux grands thèmes universels : la lutte entre le Bien et le Mal (« le côté obscur de la Force ») ; un ennemi sombre et inquiétant - le plus connu de l'histoire du cinéma - en la personne de Darth Vader (Dark Vador en français).

En outre, l'univers des Jedi renvoie au code d'honneur des chevaliers et, en se concentrant sur le jeune Luke Skywalker, on aborde le récit d'apprentissage, la découverte des sentiments ou de sa propre identité. Ce propos est servi par des effets spéciaux innovants. De petits astronefs aux ailes en forme de croix, les « X-Wings », ne craignent pas d'affronter des croiseurs interstellaires, ces immenses triangles blancs capables de transporter les personnages d'une planète à l'autre ;















des droïdes (robots à l'aspect parfois humain) étalent leur intelligence artificielle ; 

d'immenses machines, les quadripodes, foulent le sol, tels des éléphants de fer, pour porter la guerre contre les rebelles...(2).

L'aspect technologique est poussé à une telle extrémité qu'il finit par s'éloigner de toute vraisemblance pour s'apparenter davantage à une sorte de magie. De la création des décors, au design, en passant par les costumes jusqu'aux images de synthèse, tout un travail artistique est fait pour immerger le public dans un univers dépaysant et imaginaire.

  • Villes futuristes

Ville digitale...
Ville digitale...

De nombreux lecteurs et spectateurs avertis ont insisté sur la ressemblance des univers de Star Wars avec la bande dessinée française Valérian et Laureline, agents spatio-temporels du scénariste Pierre CHRISTIN et du dessinateur Jean-Claude MÉZIÈRES, tous deux nés en 1938 (visitez cette page où les images parlent d'elles-mêmes). La parution en albums a connu une exceptionnelle longévité puisqu'elle s'étend de 1970 à 2013. Le style graphique de MÉZIÈRES a contribué à bâtir un certain univers, en perpétuelle évolution, sans cesse renouvelé au gré des mondes étranges traversés. Les histoires des deux agents, envoyés en mission par la base Galaxity, sont souvent un prétexte pour faire un clin d’œil à notre propre monde (c'est le cas aussi pour la série Sillage (depuis 1998) de Jean-David MORVAN et Philippe BUCHET ou la série Orbital (2006) de Sylvain RUNBERG et Serge PELLÉ). Chaque album explore un monde nouveau, les époques se croisent, les rencontres se font, les aventures se défont. Le neuvième album, Métro Châtelet direction Cassiopée (1980) et sa suite directe, Station Brooklyn Terminus Cosmos (1981), affirment bien le grand écart accompli par les personnages dans le temps et l'espace.

 

Le travail de MÉZIÈRES est à ce point important et reconnu que le réalisateur français Luc BESSON lui demandera de créer les décors pour Le Cinquième Elément (1997) ; si vous avez en tête les taxis volants, c'est à lui que vous le devez. Pour plus d’informations, consultez cette page. A cette occasion, le dessinateur MOEBIUS (site officiel) surnom de Jean GIRAUD (1938-2012) est également présent. Ces deux artistes auxquels on peut ajouter Enki BILAL (né en 1951), ont souvent dessiné des villes grouillantes où les voitures volent.

  • Le space art

Les illustrations liées aux mondes du futur sont innombrables. On peut citer le travail du Britannique Christopher FOSS (1946-) qui a réalisé de très nombreux dessins de science-fiction. Il a notamment fait de dessins préparatoires pour une version inachevée du film Dune et pour le film Alien (1979) de Ridley SCOTT. Vous pouvez voir la diversité et la qualité de son œuvre sur son site officiel : http://www.chrisfossart.com/.

Il convient également d'évoquer le tout aussi impressionnant travail de MANCHU (Philippe BOUCHET, né en 1956). On lui doit de nombreuses couvertures d'albums de romans, de bandes dessinées, des illustrations dans des magazines scientifiques ; il crée ce qu'on nomme du space art, une représentation artistique et réaliste de visions de l'espace, des planètes, des étoiles... Il avait participé à la série animée de science-fiction Il était une fois l'espace (1982) d'Albert BARILLÉ (1920-2009) dont l'esthétique lui doit beaucoup. Une visite sur son blog devrait vous convaincre de l'étendue de son travail et de la multiplicité de ses talents: http://manchu-sf.blogspot.fr/. De plus, il a publié, chez Delcourt, Science (Fiction), un recueil d'illustrations très variées, assorti d'une partie biographique ainsi que des pages montrant son travail étape par étape. Les images présentées dans son ouvrage pourraient illustrer toutes les parties de notre thématique « Science et fiction ».

L'intérêt pour les univers lointains se repère jusque dans les jeux vidéos. L'un des plus célèbres est la franchise Star Craft de l'éditeur Blizzard Entertainment. Les dessins préparatoires sont de vrais tableaux qui mettent en avant les talents des illustrateurs. Comme les designers des objets du quotidien ou encore les illustrateurs du cinéma, ces artistes travaillent à la conception graphique d'un univers. Ce sont leurs œuvres  que l'on retrouve ensuite animées à l'écran.

 

 

  • Nouveaux explorateurs, nouveaux mondes

La vision des voyages dans l'espace ne serait sans doute pas la même sans Star Trek. D'abord une série télévisée américaine créée en 1966 par Gene RODDENBERRY (1921-1991) commençant par cette accroche :

« Espace, frontière de l'infini, vers laquelle voyage notre vaisseau spatial l'Enterprise. Sa mission de cinq ans : explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations et au mépris du danger, avancer vers l'inconnu. »

Puis, c'est une suite de longs-métrages cinématographiques. Le concept est celui d'un monde futuriste dans lequel le groupe Star Fleet envoie en mission des humains et des extra-terrestres (comme Mr Spock, le Vulcain aux oreilles pointues). Les vaisseaux, dont le plus célèbre est l'USS Enterprise du capitaine Kirk, sont capables de se déplacer plus vite que la lumière grâce au phénomène de distorsion (déformation de l'espace opérée par des moteurs spéciaux). De plus, les personnages maîtrisent une sorte de téléportation, ce qui leur permet de se déplacer plus rapidement de leur vaisseau à la planète choisie.

 

 

Le film 2001 : L'Odyssée de l'espace  (1968) de Stanley KUBRICK d'après le roman homonyme d'Arthur C. CLARKE publié conjointement, la même année, est devenu pour beaucoup un film culte et une source d'inspiration pour les réalisateurs de science-fiction (George LUCAS, Steven SPIELBERG, James CAMERON...lui rendent hommage). Grâce à ses thèmes : l'intelligence artificielle de l’inquiétant ordinateur HAL-9000 (3) ; son esthétique : les longs plans sur le vaisseau et l'espace ;  ses effets spéciaux avant-gardistes et en même temps son réalisme dû aux observations de la NASA ; son mystère : la vue d'un monolithe noir créé par extra-terrestres pour faire évoluer l'humanité naissante ;  sa musique : plus mémorable que les dialogues, elle est la marque de fabrique du film. Écoutez l'un des morceaux réutilisés, Ainsi parlait Zarathoustra (1896) de Richard STRAUSS (1864-1949) :

 

Pour conclure, que les lecteurs plus âgés gardent une place pour le cycle d'Hypérion, de Dan SIMMONS (à partir de 1991 en France). Le premier tome, en particulier, est une œuvre exceptionnelle. Dans un avenir lointain, peuplé de machines et d'intelligences artificielles, témoin de voyages interstellaires et de luttes galactiques, sept voyageurs sont envoyés en mission et racontent leur propre histoire. C'est l'occasion pour le romancier de livrer plusieurs textes en un seul : une histoire sentimentale, une enquête policière, une fable écologique, un poème, un questionnement religieux... Sa lecture est un vrai voyage vers l'infini.

Pour compléter cela, profitez des visions du fond du cosmos qui nous parviennent grâce au télescope Hubble : http://hubblesite.org/gallery/wallpaper/

Vous pouvez également visiter le site du CNES (Centre national d'études spatiales) : http://www.cnes-jeunes.fr/

Et si l'envie vous prend d'aller vivre sur une autre planète, commencez par jeter un œil à l'article du journal Le Monde sur les planètes habitables : http://autourduciel.blog.lemonde.fr/2014/02/20/des-exoplanetes-plus-habitables-que-la-terre/?#xtor=SEC-32280600

 


La suite dans SCIENCE ET FICTION 3/5: À tous les temps, a. Un futur imparfait


Le mois prochain, vous lirez LES BELLES ET LES BÊTES,
l'art de rendre beau le monstrueux...

NOTES :
1 : onirique = en rapport avec le rêve.
2 : En ce moment : l'exposition Star Wars Identities http://www.starwarsidentities.fr/
3 : R
éférence au groupe informatique IBM selon beaucoup. Mais Arthur CLARKE lui-même dément cette version, dans le making of du film, il affirme qu'il a choisi ce nom pour "Heuristic Algorithm". Il s'est lassé depuis de contredire l'opinion publique et laisse libre cours à la fierté éprouvée par le groupe informatique.


N. THIMON