OVIDE (43 av. J.C.-17ap. J.C.) dans son recueil poétique les Métamorphoses relate au chant X l'histoire d'Orphée, en se fondant sur une très ancienne tradition. Le poète mythique, celui dont la lyre pouvait attendrir les fauves et faire danser les pierres, a dû lui aussi accomplir le terrible voyage aux enfers. La femme qu'il aimait, Eurydice, meurt, piquée par une vipère.

Il se rend donc dans le royaume souterrain pour la retrouver. Ses talents musicaux lui permettent d'arriver jusqu'à Hadès, le dieu des enfers et de le convaincre de reprendre sa fiancée. Il ne pourra la garder avec lui que s'il parvient à remonter sans jamais se retourner pour vérifier qu'elle le suit bien.

(citation tirée de: Descentes aux enfers 2/2 : les enfers mythologiques ).

Presque arrivé, le poète inquiet pour celle qu'il aime se retourne, il condamne ainsi involontairement sa fiancée à demeurer chez les morts. La vie n'a plus de sens pour lui. Il se laisse démembrer par des femmes pour de motifs qui varient selon les versions. Sa lyre devient une constellation.

1) Un tableau

 

Orphée de Gustave MOREAU (1826-1898), Musée d'Orsay ; 155 cm x 99,5 cm, huile sur bois.

La scène se situe après la mort du héros dont on en voir que la tête portée sur un plateau (voir un autre tableau de MOREAU l'Apparition, au musée Gustave Moreau).

Le tableau est riche de détails, un cadre naturel, les vêtements de la femme, les personnages à l'arrière plan, mais des couleurs crépusculaires qui donnent à l'ensemble à la fois mélancolique et apaisant.

Le regard que porte la jeune fille et ses gestes semblent montrer une grande affection, en contradiction avec la manière dont est mort le poète.

Ce tableau est une éminente représentation du courant symboliste (fin XIXe siècle).

2) Une affiche

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Jean COCTEAU (1889-1963), a lui même dessiné l'affiche de son film Le Testament d'Orphée (1950). On y retrouve un gros plan sur le visage du héros et la lyre à ses côtés.

Les lignes épurées, simples, laissent toute la place à Orphée, couvert de sa couronne de lauriers, attribut symbolique du prince des poètes.

La fausse naïveté du trait montre aussi l'efficacité du dessin qui permet de reconnaître le personnage représenté.

La connaissance de ce poète illustre le fonctionnement de la poésie lyrique.

N. THIMON