Cole Thomas Expulsion from the Garden of Eden 1828.jpg
« Expulsion du Jardin d'Eden 1828 », 100.96 x 138.43 cm, par Thomas Cole — Museum of Fine Arts, Boston. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

Thomas COLE (1801-1848) est un peintre d'origine britannique. Il est connu notamment pour ses représentations de paysages américains. On le considère comme l'un des fondateurs de la Hudson River School, un groupe de peintres dits paysagistes, spécialisés dans la peinture des grands espaces sauvages. L'un d'entre eux est Albert BIERSTADT (voir aussi DÉPEINDRE LES QUATRE ÉLÉMENTS 2/4 : Le sel de la Terre, a. Par monts et par vaux) dont le réalisme des toiles est à couper le souffle, admirez ses œuvres en suivant ce lien.

Thomes COLE adopte ici un sujet religieux, très largement traité dans tous les domaines artistiques : comment Adam et Eve, les premiers humains selon la  Bible ont été chassés du paradis terrestre (voir Ancien Testament, Genèse chapitre 3 versets 23-24  : "Le Seigneur  Dieu l'expulsa du jardin d'Eden pour cultiver le sol d'où il a été pris. Ayant  chassé l'homme, il posta les Chérubins à l'orient du jardin d' Eden avec la flamme de l'épée foudroyante pour garder le chemin de l'arbre de vie" (voir également les articles LE PARADIS SUR TERRE a, b, et c ainsi que le réécriture par Émile ZOLA dans La faute de l'Abbé Mouret).

En traçant une ligne verticale, on peut très facilement découper le tableau en deux parties égales et symétriques et totalement opposées.

La moitié droite, en particulier la partie haute, montre le Jardin d'Eden, le paradis terrestre. Un endroit luxuriant, agréable  et lumineux.




























On y retrouve la panoplie complète des lieux merveilleux. Un mélange de lieux tropicaux avec les palmiers :

 




















et de jardins européens idéaux avec  les cygnes nageant sur le plan d'eau : 

 

Le choix des couleurs, la lumière douce, la profondeur du champ, la vue sur les montagnes sans ombre font de ce lieu un endroit accueillant et infini. Tous les grands éléments naturels constituant les paysages merveilleux semblent réunis : des arbres verdoyants, des montagnes lumineuses et des plans d'eau miroitants.

Un gigantesque rocher en forme de V renversé tient lieu de porte, une lumière rayonnante s'en échappe. Elle émane sans doute des anges invisibles, les Chérubins(1) terribles postés à l'entrée, avec leur épée flamboyante.

Ce rocher met en évidence l'aspect minéral et rocailleux de l'ensemble. Comme si tout ce qui était de pierre constituait le squelette ou la charpente de l'ensemble. On voit que le paradis est coupé du reste du monde par une falaise abrupte ; l'accès se fait par un pont de pierre peu engageant. L'eau s'écoule en un torrent tumultueux.

La moité gauche du tableau apparaît comme le négatif de la partie droite, elle montre l'exact contraire du Paradis.































Les ténèbres envahissent cette partie du monde, or ce ne peut être la nuit puisque l'on voit par ailleurs la lumière du jour. A l'arrière-plan, un volcan est en éruption et couvre le ciel d'un voile sombre et menaçant. Des éclairs jaillissent du ciel comme pour témoigner de la colère divine.  Les arbres sont morts ou courbés par un vent tempétueux.















En regardant de près, on découvre la présence d'Adam et Eve quittant le Paradis, minuscules dans un paysage écrasant. Ils sont chassés pour avoir commis une faute, le péché originel. Ils ont mangé du fruit défendu, à cause de la tentation du serpent. Ils découvrent alors qu'ils sont nus et en éprouvent de la honte. A cause de leur désobéissance, Dieu les condamne à une vie difficile : l'homme devra travailler durement pour se nourrir, la femme enfantera dans la souffrance. Quant au serpent, invisible sur ce tableau, le premier et le vrai coupable, il devra ramper pour se déplacer.

Eve est voûtée par la peine ou la douleur, Adam se protège le visage de la lumière aveuglante de la porte. Ils ne sont pas mis en évidence pour que l'on sente bien leur remords  et leur faiblesse dans un lieu hostile.

Pour confirmer ce danger et ces menaces qui planent sur eux, le peintre a représenté en bas à gauche, au pied d'un arbre abattu, un canidé (chien ou loup),  qui vient de tuer un cerf.  Ici, il faut tuer pour vivre et les animaux sont des prédateurs affamés.

On peut également remarquer, à droite, le vautour, un charognard, qui se dirige vers l'animal ensanglanté.








Adam et Eve quittent donc un lieu idyllique et entrent maintenant dans le domaine de la souffrance, des misères et de la mort : ils découvrent la vraie vie.

NOTES :

1 : Les Chérubins sont une catégorie d'anges, qui selon les anciennes traditions, sont plutôt semblables à des taureaux ailés. Rien à voir avec les angelots joufflus de la peinture italienne.

Si vous aimez cet auteur, vous êtes invités à découvrir un site qui lui est consacré : http://www.explorethomascole.org/gallery.

N. THIMON