a. Le feu souterrain

 

Certains feux jaillissent du sol. Le mot volcan est à mettre en relation avec le nom du dieu forgeron Vulcain (1). Sur tous les continents, de nombreux volcans sont en activité qu'ils soient sur terre ou dans la mer (voir l'article sur le Vésuve et Pompéi "de vertiges en vestiges").

Jules VERNE (1828-1905) dans Voyage au centre de la Terre (1867) décrit l'éruption du Stromboli, au large de la Sicile, de l'intérieur !

Chapitre 43 :

"Je n’ai donc conservé aucun souvenir précis de ce qui se passa pendant les heures suivantes. J’ai le sentiment confus de détonations continues, de l’agitation du massif, d’un mouvement giratoire dont fut pris, le radeau. Il ondula sur des flots de laves, au milieu d’une pluie de cendres. Les flammes ronflantes l’enveloppèrent. Un ouragan qu’on eût dit chassé d’un ventilateur immense activait les feux souterrains. Une dernière fois, la figure de Hans m’apparut dans un reflet d’incendie, et je n’eus plus d’autre sentiment que cette épouvante sinistre des condamnés attachés à la bouche d’un canon, au moment où le coup part et disperse leurs membres dans les airs". Le champ lexical du feu, largement déployé dans cet extrait, nous montre que les personnages sont vraiment au cœur du brasier.

Le peintre paysagiste Thomas COLE (1801-1848)(2) a représenté l'Etna vu de Taormine (1843). Les couleurs dorées et les fumerolles qui s'échappent du cratère viennent accentuer l'idée du feu qui brûle.

Cole Thomas Mount Etna from Taormina 1843.jpg
« Le mont Etna vu de Taormina (1843) » par Thomas COLE — Inconnu. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

Guy de MAUPASSANT (1850-1893) a décrit dans son récit de voyage, La vie errante (1890), une scène qui correspond exactement à ce tableau :

"On voit d'abord la ruine, triste, superbe, écroulée où restent debout, toutes blanches encore, de charmantes colonnes de marbre blanc coiffées de leurs chapiteaux ; puis, par dessus les murs, on aperçoit au-dessous de soi la mer à perte de vue, la rive qui s'en va jusqu'à l'horizon, semée de rochers énormes, bordée de sables dorés, et peuplée de villages blancs ; puis à droite, au-dessus de tout, dominant tout, emplissant la moitié du ciel de sa masse, l'Etna couvert de neige, et qui fume, là-bas".

Le Japonais Katsuchika HOKUSAI (1760-1849), dans ses estampes du Fuji Yama dépeint les paysages (voir l'article DÉPEINDRE LES QUATRE ÉLÉMENTS 1/4 : Un homme à la mer !). Contemplez Le mont Fuji par temps clair (1830-1831):

L'opposition entre les couleurs froides du ciel et les couleurs chaudes du volcan met en évidence le rouge qui rappelle le feu. La ligne qui dessine le flanc apparaît comme une diagonale presque parfaite.

La forme même de ces volcans semble établir un lien entre le sol et le ciel d'où le feu peut venir parfois.

 

Enflammez-vous pour la suite, DÉPEINDRE LES QUATRE ÉLÉMENTS 3/4 : Tout feu tout flamme, b. Le feu céleste

 

Le mois prochain, retrouvez AUTOUR DU HOBBIT, Tolkien et les mythes d'hier à aujourd'hui...


En janvier, vous lirez AU MATIN DU MONDE, l'art du commencement...

 

 

 

NOTES :

1: voir DÉPEINDRE LES QUATRE ÉLÉMENTS 3/4 : Tout feu tout flamme, b. le feu céleste

2: Sur Thomas COLE, allez voir l'article DÉPEINDRE LES QUATRE ÉLÉMENTS 1/4 : Un homme à la mer ! ou L'Expulsion du Jardin d'Eden.

 

N. THIMON