a. L'Âge d'or, le temps des plaisirs

Dans un autre de ses poèmes, Les travaux et les jours, le Grec HÉSIODE (VIIIe VIIe s. av J.C.), raconte les premiers âges du monde. Alors que l'homme coule sur la terre des jours heureux. : "La race humaine vivait auparavant sur la terre à l'écart  et à l'abri des peines, de la dure fatigue, des maladies douloureuses, qui apportent le trépas aux hommes". C'est ce que la tradition nomme l'âge d'or.

"D'or fut la première race d'hommes périssables que créèrent les Immortels, habitants de l'Olympe. C'était au temps de Cronos, quand il régnait encore au ciel. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l'écart et à l'abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarret toujours jeunes, ils s'égayaient  dans les festins, loin de tous les maux. Mourants, ils semblaient succomber au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont, par le bon vouloir de Zeus puissant, les bons génies(1) de la terre, gardiens des mortels, dispensateurs de la richesse : c'est le royal honneur qui leur fut départi".

On voit à quel point la vie est belle, aucun effort à fournir, aucune interrogation, il n'y a qu'à tendre la main pour obtenir ce dont on a besoin. L'homme est bien ici une sorte d'enfant gâté qui a tout ce qu'il désire. La vie, sans être éternelle, est longue et sans douleur.

Lucas CRANACH l'Ancien (1472-1553) a peint  L'âge d'or  en 1530, selon sa propre vision. Les hommes et les femmes vivent heureux dans une sorte d'enclos qui les protège du monde extérieur. Ils semblent sous la bonne garde d'un château en arrière-plan qui peut être la demeure des dieux bienveillants. Les arbres fruitiers servent à les nourrir. Les bêtes dangereuses restent à l'écart.


HÉSIODE raconte que
quatre autres âges suivront : d'argent, de bronze, de glèbe (la terre) et de fer, chaque fois moins illustres que les précédents et plus victimes de la souffrance. Cette classification montre bien la dégradation progressive du monde et rehausse le fait qu'au matin du monde, tout allait pour le mieux.

Avec le Premier Livre des Merveilles de l'Américain Nathaniel HAWTHORNE (1804-1864), dans le récit intitulé Le paradis des enfants, le romancier propose une version adaptée au jeune public.

"A cette époque-là, les gens étaient tous des enfants. Nul besoin de pères ni de mères, parce qu'il n'existait ni dangers ni soucis, ni vêtements à raccommoder, et qu'il y avait toujours à manger et à boire en abondance. Quand un enfant voulait manger quelque chose, il n'avait qu'à se servir sur les arbres, car ils étaient couverts de fruits.

Il n'y avait ni devoir à faire, ni leçons à étudier, et les enfants passaient leurs journées à parler, rire et chanter. Ils ne se querellaient jamais , et n'avaient jamais vu personne bouder.

Ah comme il faisait bon vivre!

Il faut dire que les affreux petits monstres ailés qu'on appelle les Peines et les Soucis n'avaient encore jamais  été aperçus sur la terre".

Chaque texte vient confirmer que les premiers temps étaient liés au bonheur. Reste à découvrir l'endroit idéal...

Dans une semaine, vous vous prélasserez dans AU MATIN DU MONDE 2/3 : LE PARADIS SUR TERRE, b. L’Éden, un jardin idyllique

Le mois prochain vous lirez LES UTOPIES, DES MONDES MEILLEURS ?


NOTES :


1: Le mot génie traduit le grec daimon, daemon ; un esprit protecteur, avant de désigner un esprit malveillant.



N. THIMON