Présentation des marraines :

 

Claudine :

A passé un Bac E (équivalent S SI aujourd'hui), ensuite elle a intégré l’École Polytechnique Féminine (EPF) une école d'ingénieur généraliste qui est mixte aujourd'hui. Son parcours professionnel :

1- En 1982, travaille à la Délégation Générale de l'Armement (DGA). Son poste consiste en l'écoute des clients afin de définir le cahier des charges fonctionnel.

2- En 1992, travaille chez Aérospatiale Airbus dans le secteur de la sûreté de fonctionnement. Elle étudie la fiabilité des produits en particulier celle des Missiles stratégiques.

3- En 2002, elle entre à la SAGEM pour faire des études sur la sûreté puis encadre l'équipe qui fait les études (a suivi une formation d'architecte systèmes).

 

Claudine est très active dans l'association EllesBougent qui se mobilise pour privilégier la diversité des talents au sein des entreprises mais aussi au sein des formations, des entreprises, des fédérations, des associations, des établissements d'enseignement supérieur et des institutionnels. Une délégation Ile de France verra le jour le 15 décembre prochain.

 

Véronique :

A fait une CPGE puis s'est posé la question d'intégrer Supélec. Elle a préféré les Arts &Métiers (école d'ingénieur généraliste). Cette école fut une vrai révélation pour Véronique qui avait envie de découvrir tous les domaines de la technologie comme la mécanique et la fonderie. En 2nde année, elle intègre Supélec en filière Automatique. A sa sortie, elle a beaucoup de propositions d'embauche.

 

Elle choisit la SAGEM. Son premier poste lui permet de travailler sur une Centrale Inertielle (mesure de position, vitesse, altitude d'un avion). Elle constate avec son équipe que les erreurs dues aux composants se répercutent partout. Il est envisagé d'étudier un peu mieux les composants pour limiter ces erreurs. On fait appel aux calculateurs intégrés qui sont de plus en plus performants et de plus en plus petits (intégrables). Le filtrage de Kalman (vu durant ses études) sera appliqué pour améliorer les performances des composants (on prend en compte les erreurs des composants et on les compense plutôt que d'essayer de les éliminer). La SAGEM, lui permet de passer son brevet pilote en lui allouant une subvention. Elle devient « Pilote privé ».

 

Après un arrêt de maternité de 3 mois, elle change de poste. Elle prépare les missions des pilotes. Elle effectue les « plans de vol ». Sa formation de pilote lui permet de mieux comprendre les besoins des pilotes qui doivent évaluer la quantité de carburant et estimer la durée des vols. Le carburant pouvait venir à manquer car on est sur la période d'avant « le mur de Berlin ». Elle utilise un calculateur pour gagner du temps sur ces missions.

 

Ensuite, elle reprend les Centrales Inertielles mais du point de vue de l'industrialisation (mise en place des procédés de fabrication et respect des spécifications). Sa carrière évolue, elle devient responsable de l'ensemble des centrales inertielles de l'armée de l'air (sauf celle du Rafale qui fait appel à une autre technologie). Elle est en relation avec la DGA (Direction Générale de l'Armement) et le centre de fabrication. Elle visite l'ensemble des bases de l'armée de l'Air.

 

Changement de secteur d'activité : Elle devient Ingénieure Qualité.

- Lorsqu'on s'occupe d'un projet, on a tendance à faire des impasses par manque de temps ou moyens. Lorsque l'on passe à l'industrialisation, il arrive qu'il y ait des problèmes de fonctionnement sur le produit. Cela oblige l'entreprise à rappeler ces produits et arrêter la chaîne de fabrication. C'est un surcoût pour l'entreprise. Le rôle de l'Ingénieure Qualité est de faire des choix stratégiques pour limiter les coûts. Elle apporte son expérience et raisonne en facteur risque-

Elle occupe ce poste sur les Centrales Inertielle, les munitions 2ASM, les drones, les Félins (équipement High Tech du fantassin en cours de déploiement à la SAGEM), la modernisation des avions qui se rapprochent techniquement du Rafale puis de la préparation des missions de vol. Pour rester indépendante et ne pas être influencée, elle n'est pas rattachée aux équipes. Son rôle est avant tout de conseiller mais elle peut aussi arrêter une production.

Véronique nous parle aussi de ses voyages autour du monde où elle rencontrait à la fois clients et fournisseurs. Ses voyages lui ont fait découvrir d'autres valeurs que les notres.  Sa carrière a été riche autant sur le plan humain que technique. Véronique est une jeune retraitée.

 

Elle remarque que le sexe ne change rien aux compétences. La seule différence est que les femmes osent moins. Elles ne savent pas demander une augmentation ou des postes à responsabilité. On reconnaît leurs compétences mais on ne les pousse pas à prendre de nouvelles fonctions. Aujourd'hui les chefs d'entreprise souhaitent recruter plus de femmes car la mixité a des atouts.

 

Lydie :

A passé un bac S(SVT) au lycée Edmond Rostand (SOA). Son professeur de biologie l'a poussée à visiter la SAGEM. Cette visite a été décisive pour elle. Elle pensait faire une école de commerce. Elle choisira une école d'ingénieur généraliste en technologie : ECE  (École Centrale d’Électronique). Elle prend la filière Énergie Environnement et Santé qui attire plus les filles. Elle poursuit avec une formation complémentaire en commerce et obtient une double compétence. A travers ses études,  elle a fait 2 séjours longs à l'étranger : 4 mois à Montréal et 6 mois en Chine.

 

Table ronde :

 

  • Comment conciliez-vous vie de famille et travail ?

Claudine : J'ai eu 3 enfants, je n'ai jamais eu de problème. Le papa était très présent. Il est important de partager les tâches à la maison. Il arrive que la mère parte à l'étranger ou ait des réunions tardives, mais ce n'est pas tous les jours. Les femmes savent s'organiser. Elles arrivent même à faire du sport et sortir.

Véronique : C'est principalement une question d'organisation à voir avec son conjoint. Pour cela il faut bien le choisir.

Lydie : C'est un choix de vie. Est ce que j'accepte de finir à 17H ou 23H ? Est ce que je me consacre à ma vie de famille ou mon travail ? De plus en plus d'entreprises mettent en place des aides (crèches, aide à domicile…). L'entreprise évolue beaucoup en ce moment car elle manque d'ingénieurs.

  • Est ce que vos enfants ont suivi vos traces ?

Claudine : Ma fille ne voulait surtout pas faire comme moi. Mon fils aîné a fait un bac STI en mécanique puis un BTS et une licence pro en alternance. Il a découvert l'entreprise durant cette alternance (il ne voulait pas en entendre parler avant). Il a choisi de poursuivre en école d'ingénieur. Le plus jeune fait un bac pro en mécanique. Les parents sont mal placés pour parler d'orientation surtout à l'adolescence. Les enfants écoutent plus volontiers les autres. Bien des enfants ne savent pas ce que font leurs parents ou ne veulent pas en entendre parler.

Véronique : Son fils n'est pas intéressé par la technologie, il a fait une école de commerce.

  • Comment devient-on pilote ?

Véronique : on passe d'abord le BIA (Brevet d'Initiation à l'Aéronautique), puis on prend des cours de pilotage. Pour elle cela a été favorisé par la SAGEM qui l'a subventionné. Cela a un coût non négligeable. « On ne m'a pas forcé à le faire ». Personne ne peut vous forcer lorsque vous travaillez sinon cela se retourne vers l'employeur. Si le collaborateur est malheureux, il ne travaille pas bien. Cela peut arriver ponctuellement mais jamais sur du long terme.

  • Combien de Femmes travaillent à la SAGEM ?

Il y en a 15 à 18 %. Pour SAFRAN (groupe SAGEM) l'objectif est de 30 %. Le problème est le manque de candidatures. Ce ne sont pas seulement les femmes qui manquent mais tous les ingénieurs. Les entreprises ne laissent pas partir leurs ingénieurs, elles font tout pour les garder. En sortant des Art&Métiers 70 % des ingénieurs sont embauchés au bout de 2 mois.

  • Comment évoluent les salaires ?

Une grosse évolution se fait en changeant d'entreprise ou de poste. Sinon il faut négocier en fonction des projets et missions remplis. Lorsque l'on passe d'une expertise vers le management on a aussi une augmentation de salaire de même lorsque l'on fait des efforts pour changer de métier. Moyenne 32 000 euros/an à 39 000 euros/an brut pour les débutants. Avec une double compétence, on passe à 42 000 euros/an brut.

  • Avez-vous des regrets par rapport à votre parcours scolaire ou votre formation ?

Claudine : pour le scolaire, non. Pour le coté professionnel, je regrette les cycles de 10 ans,  car le travail devenait trop répétitif. J'aurai du changer plus tôt mais c'était une prise de risque et mes enfants étaient jeunes. On pense souvent que nos supérieurs voient que l'on travaille bien et sauront le reconnaître en augmentation de salaire. Il n'en est rien, il faut négocier. Il faut dire ce que l'on a envie de faire. Maintenant je le fais mais j'aurais du le faire plus tôt.

Véronique : mêmes remarques. Il faut demander à changer de poste plus souvent. Les supérieurs ne le proposent pas. Il préfèrent avoir du personnel qui fait bien son travail.

Lydie : J'avais peur de la prépa. J'aurais du essayer pour avoir plus d'opportunités. Il ne faut pas hésiter à privilégier ce qui vous plaît et essayer. Il faut prendre des risques.

  • Avez-vous eu des problèmes particuliers avec les hommes ?

Claudine : j'ai démarré en 1982 à l'époque du paternalisme. Les relations sont meilleures aujourd'hui. Les hommes sont contents de partager, ils ne nous voient plus comme des concurrentes. Ils reconnaissent nos qualités (mieux organisées). L'entreprise recherche la mixité pour enrichir les points de vue.

Véronique : A l'étranger (surtout dans les pays musulmans), il faut se faire reconnaître pour nos compétences pour éviter les problèmes. Il ne faut pas qu'ils voient le coté féminin.

Lydie : Dans mon école il y avait entre 20 et 25 % de filles. Elles étaient toutes passionnées alors que les garçons ne l'étaient pas tous. Dans la filière informatique/électronique il n'y avait pas de problème. Sinon, les problèmes sont les mêmes qu'entre filles. Il faut savoir s'imposer. Il faut montrer qu'on est compétentes. En prépa, il y a beaucoup de compétitivité, pas dans les écoles où les prépa sont intégrées. C'est même le contraire, il y a un esprit de corps. On peut utiliser les associations pour l'émulation en gérant les activités extra scolaires.

  • Comment avez-vous trouvé un logement sur le campus des écoles d'ingénieur ?

Lydie : J'habite à Mery, mon école était au Champs de Mars, je faisais le trajet (chambres trop chères et difficiles à trouver). Les cours duraient parfois jusqu'à 20H. Le trajet 3H/jour. Il existe des chambres sur le campus mais les étudiants d'Ile de France ne sont pas prioritaires. Payer l'école et la chambre est aussi très cher (l'ECE est payante). Il vaut mieux aller en Province si on veut loger près de l'école. C'est un choix.

Claudine : Je faisais Bourg la Reine/ Sarcelles, il n'y avait pas de RER à l'époque. J'avais une chambre près de l'école mais c'est difficile de trouver un logement.

Véronique : l'association des anciens élèves a été d'un grand soutien pour m'aider à me loger (Art&Métiers, Supélec)

 

Bilan :

Le mot des marraines :

Il ne faut pas hésiter à poser vos questions sur le site d'Ellesbougent - Participez aux portes ouvertes des différentes écoles - Regardez en particulier les projets des étudiants - Imprégnez vous de la philosophie des écoles pour voir si elles vous correspondent - Étudiez la carte des disciplines proposées - Si jamais on vous propose de visiter une entreprise n'hésitez pas à y aller.

 

Le tour de table des élèves et étudiantes. Ce qu'elles retiennent:

N'avait pas eu connaissance auparavant qu'il pouvait y avoir beaucoup de voyages - éclairement sur le métier - ne savait pas que les portes étaient ouvertes à tous dans les grandes écoles - donne des idées - retient qu'il faut « oser » - on peut s’épanouir dans un monde masculin - ces métiers ouverts aux filles ne sont pas forcément difficiles - on peut évoluer dans une même entreprise - c'est la première fois qu'on me parle de ce métier - me donne des pistes pour m'orienter – découvre des métiers inconnus – le métier d'ingénieur évolue – on peut conjuguer passion et métier