1- Présentez l’œuvre 
2- Décrivez le contraste des couleurs
3- Quel est le style artistique de ce tableau ?
4- En quoi ce tableau est-il un travail de mémoire ?
5- Présentez rapidement David Olère
6- Comment David Olère évoque-t-il la mort à venir des personnes au 1er plan ?
7- À l'arrière-plan, qui sont les personnes à gauche, à droite ?
8- Que sont les fours crématoires à l'arrière-plan, quelles lettres sont dessinées par la fumée ?

À l'arrivée des convois juifs, il y a donc une "sélection". Les femmes avec enfants, les personnes âgées ou celles qui n'ont pas la force suffisante selon les nazis pour travailler dans le camp, sont immédiatement gazées. Les autres Juifs sont conduits dans le camp. Le camp d'extermination a fonctionné jusqu'en 1945 alors que les autres centres d'extermination ont fermé en 1943 et en 1944 pour Maidanek. David Olère a lui-même été déporté à Auschwitz. Il a travaillé dans le camp et dans les chambres à gaz. Son œuvre s'appuie sur la réalité de ce qu'il a vu et vécu.

  • Il s'agit d'un tableau de David Olère intitulé Les Inaptes au travail et qui date des années 1950 (le tableau n'est pas daté précisément). Il est conservé au Mémorial de l'héritage juif à New York.

Les juifs immédiatement exterminés sont ceux qui ne sont pas assez vigoureux et qui, selon les nazis, ne seront pas assez efficaces dans le travail : les femmes et leurs enfants, les personnes âgées et tous ceux qui ne sont pas assez bien portants. Ils sont tués dans les chambres à gaz.

  • D. Olère a été déporté à Auschwitz. Il a vu et connu ce qu'il peint. En ce sens, son œuvre témoigne de l'Histoire et est une source pour l'historien : choix de femmes et d’enfants plus vulnérables, visages blancs et creusés montrent l'extrême souffrance et les privations (corps décharnés). David Olère veut redonner des témoignages des camps, de la vie du camp, les principaux documents et photos ayant été détruits par les nazis avant leur fuite.
  • Il s'agit d'une famille de déportés juifs destinés à la chambre à gaz car ils sont « inaptes au travail » (on reconnaît l'étoile de David marquée sur la poitrine de la vieille femme). On distingue une femme âgée, une femme et des enfants. Ils sont pâles, émaciés et semblent épuisés (du fait du transport en train). Ils portent des bagages, des effets personnels, des jouets, de la nourriture : ils ne pouvaient pas savoir, au départ, qu'ils seraient tués ; on leur a dit qu'on allait les « réinstaller à l'Est ». Il n'y a pas d'hommes, certainement conduits dans le camp de travail.

Le bras coupé à gauche est le bras d'un SS qui porte une arme. On y voit une tête de mort et les initiales SS. Il représente le système nazi qui conduit les Juifs à la mort.

  • À l'arrière-plan, on distingue à gauche une colonne de déportés décharnés, sans doute conduits au crématorium pour y être gazés. À droite, le camp de travail avec ses gardiens. Des déportés tirent une charrette (avec des cadavres ?), un autre est battu, un troisième est étendu au sol comme mort.
  • La mort est évoquée par les corps déjà décharnés des personnes, leur extrême pâleur, les yeux vides, les cris d'effroi ou des râles qu'ils semblent émettre. La mort est aussi évoquée par la poupée inerte que porte le garçon et qui semble préfigurer son sort. Mais la mort est surtout représentée par le cadavre qui flotte au-dessus d'eux et qui semble les emporter. Ce corps flottant est celui des morts qui, brûlés, partent en fumée. La mort est aussi évoquée par le ciel rouge qui symbolise le feu des crématoires. La fumée à l'arrière-plan dessine les deux lettres des responsables : les SS.
  • Il y a un contraste entre les couleurs chaudes du ciel (rouge orangé) et les couleurs froides (bleu, gris, vert) des vêtements.

Climat de peur, d'horreur, sentiment violent de malaise. Tableau proche du courant expressionniste. Visages blafards mis en lumière s'opposant directement au fond indistinct.

  • D. Olère est né en Pologne en 1902. Issu d'une famille juive de Varsovie, il s'intéresse très jeune à la peinture. En 1923, il émigre à Paris. Naturalisé français, en 1939, il est mobilisé dans l'infanterie. Arrêté par la police française en 1943, il est emmené à Drancy puis déporté à Auschwitz. Marqué du matricule 106144, il est intégré au « Sonderkommando ». Son talent de dessinateur retient l'intérêt des SS. Il échappe ainsi à la mort programmée et relève de nombreux lieux ainsi que des moments de la vie du camp. Il sera alors témoin et acteur de la disparition des corps qu'il transportera et brûlera, ainsi que de la cruauté inégalable des nazis.

Quadrilingue, il sert aussi de traducteur et apprend la libération de Paris. Lors de la débâcle il se mêle aux autres déportés lors de l'évacuation des camps d'Auschwitz Birkenau le 18 janvier 1945. En 1945, il survit à la "Marche de la Mort" et est envoyé à Buchenwald. Il est libéré le 6 mai par les Américains. Revenu à Paris, Olère ne peint désormais que pour témoigner des horreurs vécues et pour survivre. Il meurt en 1985.

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