J'avais déjà cité le travail de Catherine Jourdan, qui travaille avec les enfants. En milieu scolaire, il y a aussi la carte sensible réalisée par mes collègues au lycée J.Prévert à Boulogne Billancourt, et dont j'ai montré la fabrique. Dans les deux cas il ne s'agit pas de format A5 certes mais bien de cartes collaboratives.

Cependant, la requête "carte collaborative" ou "carte participative" sur internet mène à d'autres ressources encore.

Des textes théoriques d'abord : par exemple Magali Nonjon et Romain Liagre s'interrogent, dans un article publié dans la revue Espace-Temps en 2012 : "une cartographie collaborative est-elle possible ?" . On peut citer également l'article de Gilles Palsky, de 2010 : "cartes participatives, cartes collaboratives".

Des mises en œuvre ensuite. Mapmie par exemple propose aux mineurs étrangers isolés de raconter leur usage de la ville, en plaçant sur une carte un signet indiquant un lieu qu'ils jugent remarquables, et qu'ils peuvent accompagner d'une photographie.

J'ai également participé à un atelier intitulé "mon Grandparis", organisé par l'Atelier International du Grand Paris, qui fonctionnait sur un principe similaire : chaque internaute est invité à placer sur une carte de l'Ile de France une photographie d'un endroit qu'il aime bien, permettant ainsi progressivement une couverture de l'ensemble du territoire.

Des réalisations de ce genre ont également été réalisées en milieu scolaire. Par exemple, l'expérience "Tous cartographes" réalisée au lycée Lyautey à Casablanca, et qui consiste à associer des sons et des photos à des lieux, en cliquant sur un signet.

On peut également citer les "lettres à ma ville", où chaque élève présente sa vision de la ville, sur un support audio. On y accède en cliquant là encore sur un signet. Le support utilisé, thinglink, présente par ailleurs l'intérêt d'être d'un usage simple, l'expérience est donc facilement reproductible (enfin à condition d'avoir réuni tous les contenus multimédias, images, textes, sons etc...)

Toutes ces cartes ont en commun de présenter des lieux, via des contenus multimédias (photo, son), soit sur un support fermé (des contenus déjà constitués avec des élèves) soit sur un support ouvert (permettant aux internautes de poster leurs contenus). Dans tous les cas, elles reposent sur le principe d'une collection de lieux, que le support de la carte permet de rassembler.

Ce n'est pas exactement le projet de notre carte postale sensible, qui a pour objectif de passer d'abord par un support non numérique, le papier et le dessin, pour y mettre des lieux en relation...

Autre ressource intéressante, le concours de Cartographie organisé par M.Godard et Mme Masson dans l'académie de Nantes.Il s'agit, comme CartoGraphie notre quartier, d'un concours de cartographie. Ce n'est cependant pas de cartes sensibles qu'il s'agit, encore moins de carte postale sensible, mais de croquis de géographie, qui comprend un volet "cartes de l'imaginaire"... Une approche complémentaire de la nôtre là encore.

 

Finalement, mon enquête sur Internet m'a permis de mieux définir, en creux, le projet de la carte postale sensible : il existe différentes formes de cartes collaboratives, ou de manière de travailler ensemble les lieux. Dans la plupart des exemples que j'ai donné ici, c'est la forme coopérative qui prend le dessus : la carte commune, c'est la somme de toutes les propositions des élèves, ou des internautes, sur des lieux, qui additionnés forment un espace. Dans le cas de la carte postale sensible il s'agit aussi de trouver un moyen de figurer, ensemble, la manière dont s'articulent les lieux.